Par où commencer
L’hybridation d’un enseignement est une activité demandant à l’enseignant de mener un travail réflexif sur son cours, de faire des choix entre différentes approches et stratégies pédagogiques et de créer un fil directeur couvrant l’ensemble des contenus, activités et évaluations proposées.
L’enseignement est défini comme « hybride » s’il se caractérise par un ensemble d’activités pédagogiques proposées en présentiel et en distanciel, à l’aide ou non d’outils numériques. L’organisation de cet ensemble ne doit pas être un simple empilement d’activités aux modalités diverses : l’hybridation doit garantir un continuum parmi toutes les activités proposées.
L’hybridation peut se faire à des degrés divers, avec une répartition plus ou moins égale entre activités pédagogiques en présentiel et à distance.
Quelles sont les éléments fondamentaux à prendre en considération pour mettre en place une hybridation cohérente et efficace pour les étudiants ?
La nature de mon enseignement
S’agit-il d’un nouveau cours ou d’un cours existant ?
Un travail de conception d’un scénario pédagogique est nécessaire. Il s’agira aussi de prendre en compte les contraintes spécifiques de son enseignement : durée d’une séance, matériel nécessaire, effectif du cours, les attentes vis-à-vis des étudiants, etc.
Qui met en place l’hybridation ?
Le travail d’hybridation ne sera pas organisé de la même façon s’il est réalisé par une équipe ou par un enseignant seul. Pour une équipe, un travail en amont sur l’acceptation par tous de ce qui peut être hybridé et sous quelles modalités il doit être mené, avec une répartition des tâches (mise à jour des objectifs d’apprentissage, conception des ressources dédiées, etc.).
Les objectifs d’apprentissage, l’alignement pédagogique et le degré d’hybridation
Cette étape est fondamentale dans le processus d’hybridation car une définition insuffisamment approfondie des objectifs d’apprentissage et des incohérences dans l’alignement pédagogique conduiront à une hybridation et à un apprentissage inadaptés pour les étudiants.
L’enseignant définit donc au préalable les objectifs d’apprentissage de son cours, en d’autres termes préciser ce que les étudiants sont censés acquérir comme connaissances et savoir-faire à l’issue du cours.
Dans un second temps, il inventorie les différentes activités et les évaluations prévues nécessaires à l’atteinte des objectifs d’apprentissage : c’est ce qu’on appelle l’alignement pédagogique3.
Pour chacune des activités et évaluations, l’enseignant se pose les questions suivantes pour déterminer lesquelles seront en présentiel et en distanciel :
Quelles sont les activités qui ne peuvent pas se faire à distance ? Et inversement, quelles sont les activités qui ne nécessitent pas ma présence physique ?
Quelles activités portent sur l’acquisition de connaissances ? Sur l’acquisition d’un savoir-faire ? Lesquelles nécessitent des manipulations physiques ?
Quelles activités l’étudiant pourra-t-il réaliser en autonomie ? Lesquelles nécessitent un travail en groupe ?
L’enseignant profite de la marge de manœuvre offerte par l’hybridation (les unités de lieu et de temps ne sont plus figées) pour proposer une combinaison d’activités dont les paramètres sont les réponses posées aux questions ci-dessus : présentiel/distanciel, synchrone/asynchrone, en autonomie/encadré.
Un tableau synthétique avec ces paramètres et activités est conseillé et il doit être communiqué aux étudiants dans le syllabus par exemple.
L’évolution des rôles de l’enseignant et de l’étudiant
La mise en place de l’hybridation a un impact sur la posture de travail de l’enseignant et de l’étudiant. Pour ce dernier, l’apprentissage va se faire de manière plus active si bien que l’enseignant va voir son rôle se transformer. Dans un contexte d’hybridation, l’enseignant accompagne l’étudiant, le guide dans l’acquisition de ses apprentissages qui vont se faire davantage en autonomie et moins dans une logique transmissive.
L’enseignant doit s’interroger sur le degré de liberté qu’il est prêt à laisser à l’étudiant et aux actions qu’il peut mettre en place pour s’assurer de l’assiduité de ce dernier : création de feedbacks réguliers, évaluations formatives, etc.
L’organisation du dispositif d’hybridation
Une préparation réfléchie en amont : l’enseignant doit faire la conception pédagogique de l’ensemble de son cours avant le lancement de celui-ci.
Constitution des ressources pédagogiques nécessaires : ressources existantes et création de contenus nouveaux.
Réflexion sur l’implémentation de son cours sur la plateforme Moodle.
L’évaluation du dispositif d’hybridation
L’enseignant est invité à évaluer son dispositif de formation. L’évaluation peut se faire auprès des étudiants, collègues et experts en pédagogie.
La réalisation d'un bilan à la fin du cours est conseillée, de même qu'une mise à jour du design du cours, dans une logique de travail itératif.
Les questions à se poser en tant qu'enseignant
La scénarisation pédagogique proposée est-elle claire ? Permet-elle de traiter l'ensemble des acquis d'apprentissage visés ?
De quelles ressources ai-je besoin pour entamer l’hybridation de mon cours ?
En lien avec l’alignement pédagogique de mon cours, quelles activités peuvent être proposées en présentiel et à distance ?
Ai-je besoin d’être accompagné pour hybrider mon cours ?
En savoir plus
Dock F. (2021, 1er février). Scénariser un enseignement hybride : tirer le meilleur parti de la présence et de la distance. Louvain Learning Lab Blog. https://www.louvainlearninglab.blog/scenariser-un-enseignement-hybride/
Kamolbhan Olapiriyakul; Julian M. Scher (2006). A guide to establishing hybrid learning courses: Employing information technology to create a new learning experience, and a case study., 9(4), 287–301. doi:10.1016/j.iheduc.2006.08.001
Service de soutien à l'enseignement. Université Laval. (s. d.). Développer un cours en format hybride. https://www.enseigner.ulaval.ca/ressources-pedagogiques/developper-un-cours-en-formation-hybride